Le vent triste…
À Henri Ghéon.
Le vent triste souffle dans le parc,
comme dans un livre que je lus enfant,
où une écolière perdue était hagarde.
Le vent.
Il va casser, peut-être, le tulipier.
Il fait voir le dessous des feuilles blanc
du vernis du Japon qu’il semble essuyer,
Le vent.
Le baromètre est descendu subitement.
Peut-être que ça va être un ouragan.
Il ne peut pas pleuvoir, mais on entend
Le vent.
Dans les livres de prix, monsieur et madame d’Arvan
reviendraient en pressant le pas chez eux,
vers un château tout bleu malgré le mauvais temps.
Le vent.
Sortez de ma tête, ô manoirs moisissants
où devaient se passer d’étranges adultères,
par les temps tristes, en Angleterre.
Le vent.
Sortez de ma tête, gentilles écolières
qui jouiez à cache-cache dans la clairière
et reveniez vers le grenier sombre, à cause du grand
vent.
Sortez de ma tête, vieux marquis des villes
qui, dans les maisons pluvieuses, lisiez Virgile
dans des fauteuils à oreillettes, par des temps
de vent.
Sors de ma tête, ma douce tristesse,
et va-t’en vers le coteau fané, va-t’en
où va, sur un air un peu Chateaubriand,
le vent.