Purgatoire
J’ai fait ce rêve. J’étais mort.
Une voix dit : — Ton âme impie,
En un très-misérable fort,
Va revivre afin qu’elle expie.
Dans le bois qu’octobre jaunit
Et que le vent du nord flagelle,
Deviens le passereau sans nid.
— Merci. Je vais voler vers elle.
— Non ! sois plutôt l’arbre isolé
Et, dans l’ouragan qui s’irrite,
Tords ton feuillage échevelé,
— Soit. Il se peut que je l’abrite.
— Alors, cœur plein d’amour humain,
Sois le caillou que broie et roule
Le chariot sur un grand chemin.
— Qu’importe ? si son pied me foule.
— Insensé, dit enfin la voix
Qui gronda pour cet anathème,
Sois donc homme encore une fois,
Et revis, mais sans qu’elle t’aime !