Caliste, en cet exil …
Caliste, en cet exil j’ai l’âme si gênée
Qu’au tourment que je souffre il n’est rien de pareil :
Et ne saurais ouïr ni raison, ni conseil,
Tant je suis dépité contre ma destinée.
J’ai beau voir commencer et finir la journée,
En quelque part des cieux que luise le soleil,
Si le plaisir me fuit, aussi fait le sommeil :
Et la douleur que j’ai n’est jamais terminée.
Toute la cour fait cas du séjour où je suis :
Et pour y prendre goût je fais ce que je puis :
Mais j’y deviens plus sec, plus j’y vois de verdure.
En ce piteux état si j’ai du réconfort,
C’est, ô rare beauté, que vous êtes si dure,
Qu’autant prés comme loin je n’attends que la mort.