Ma libellule
En te voyant toute mignonne,
Blanche dans ta robe d’azur,
Je pensais à quelque madone
Drapée en un pan de ciel pur ;
Je songeais à ces belles saintes
Que l’on voyait, du temps jadis,
Sourire sur les vitres peintes,
Montrant du doigt le paradis ;
Et j’aurais voulu, loin du monde
Qui passait frivole entre nous,
Dans quelque retraite profonde,
T’adorer seul à deux genoux…
*
* *
Soudain, un caprice bizarre
Change la scène et le décor,
Et mon esprit au loin s’égare
Sur de grands prés d’azur et d’or,
Où, près de ruisseaux minuscules,
Gazouillants comme des oiseaux,
Se poursuivent les libellules,
Ces fleurs vivantes des roseaux.
Enfant, n’estu pas l’une d’elles
Qui me suit pour me consoler ?
Vainement tu caches tes ailes :
Tu marches, mais tu sais voler.
Petite fée au bleu corsage,
Que je connus dès mon berceau,
En revoyant ton doux visage,
Je pense aux joncs de mon ruisseau !
Veuxtu qu’en amoureux fidèles
Nous retournions dans ces prés verts ?
Libellule, reprends tes ailes,
Moi, je brûlerai tous mes vers ;
Et nous irons, sous la lumière
D’un ciel plus frais et plus léger,
Chacun dans sa forme première,
Moi courir, et toi voltiger.
Fleurs de genêts