Je donne à mon desert les restes de ma vie
Je donne à mon desert les restes de ma vie,
Pour ne dépendre plus que du Ciel et de moy.
Le temps et la raison m’ont fait perdre l’envie
D’encenser la faveur, et de suivre le Roy.
Faret, je suis ravy des bois où je demeure.
J’y trouve la santé de l’esprit et du corps.
Approuve ma retraite ; et permets que je meure
Dans le mesme Vilage où mes peres sont morts.
J’ay frequenté la Cour où ton conseil m’appelle,
Et soubs le Grand Henry je la trouvay si belle,
Que ce fut à regret que je luy dis adieu.
Mais les ans m’ont changé. Le Monde m’importune,
Et j’aurois de la peine à vivre dans un lieu,
Où toûjours la Vertu se plaint de la Fortune.