Ballade de l’Abencerage
Le roi don Juan
Un jour chevauchant
Vit sur la montagne
Grenade d’Espagne ;
Il lui dit soudain :
Cité mignonne,
Mon coeur te donne
Avec ma main.
Je t’épouserai,
Puis apporterai
En dons à ta ville
Cordoue et Séville.
Superbes atours
Et perles fines
Je te destine
Pour nos amours.
Grenade répond :
Grand roi de Léon,
Au Maure liée,
Je suis mariée.
Garde tes présents :
J’ai pour parure
Riche ceinture
Et beaux enfants.
Ainsi tu disais ;
Ainsi tu mentais.
O mortelle injure !
Grenade est parjure !
Un chrétien maudit
D’Abencerage
Tient l’héritage :
C’était écrit !
Jamais le chameau
N’apporte au tombeau,
Près de la piscine,
L’haggi de Médine.
Un chrétien maudit
D’Abencerage
Tient l’héritage :
C’était écrit !
O bel Alhambra !
O palais d’Allah !
Cité des fontaines !
Fleuve aux vertes plaines !
Un chrétien maudit
D’Abencerage
Tient l’héritage :
C’était écrit !
François-René de Chateaubriand, Poésies diverses