Ô agréable Songe, où t’en vas-tu si vite ?
Ô agréable Songe, où t’en vastu si vite ?
T’éloignant, ton départ renouvelle mon deuil,
Mon esprit, beaucoup plus prévoyant que mon oeil,
N’estimait que mon heur tu dusses mettre en fuite.
Ta nature trompeuse a mon âme réduite
D’avoir banni mon bien par un fâcheux réveil.
Morphée, que n’astu prolongé mon sommeil,
Afin que ta faveur ne me fût interdite,
Et que mon plaisir eût duré plus longuement !
Il n’est rien plus certain qu’après la jouissance
D’un frauduleux soulas marche la déplaisance,
Qui doublement accroît l’âpreté du tourment,
Car s’un’ songe menteur charme la violence
De nos maux, le réveil toute joie dément.
Les loyalles et pudiques amours