Double ballade
Pour ce, aimez tant que voudrez,
Suivez assemblées et fêtes,
En la fin ja mieux n’en vaudrez
Et n’y romperez que vos têtes ;
Folles amours font les gens bêtes :
Salmon en idolatria,
Samson en perdit ses lunettes.
Bien heureux est qui rien n’y a !
Orpheüs le doux ménétrier,
Jouant de flûtes et musettes,
En fut en danger du meurtrier
Chien Cerbérus à quatre têtes ;
Et Narcissus, le bel honnêtes ,
En un parfond puits se noya
Pour l’amour de ses amourettes.
Bien heureux est qui rien n’y a !
Sardana, le preux chevalier
Qui conquit le règne de Crètes,
En voulut devenir moulier
Et filer entre pucelettes ;
David le roi, sage prophètes,
Crainte de Dieu en oublia,
Voyant laver cuisses bien faites.
Bien heureux est qui rien n’y a !
Amon en vout déshonourer,
Feignant de manger tartelettes,
Sa soeur Thamar et déflourer,
Qui fut chose mout déshonnêtes ;
Hérode, pas ne sont sornettes,
Saint JeanBaptiste en décola
Pour danses, sauts et chansonnettes.
Bien heureux est qui rien n’y a !
De moi, pauvre, je veuil parler :
J’en fus battu comme à ru teles,
Tout nu, ja ne le quiers celer.
Qui me fit mâcher ces groselles,
Fors Catherine de Vaucelles ?
Noël, le tiers, ait, qui fut la,
Mitaines à ces noces telles !
Bien heureux est qui rien n’y a !
Mais que ce jeune bacheler
Laissât ces jeunes bachelettes ?
Non ! et le dûton brûler
Comme un chevaucheur d’écouvettes.
Plus douces lui sont que civettes ;
Mais toutefois fol s’y fia :
Soient blanches, soient brunettes,
Bien heureux est qui rien n’y a !
Le testament