Le Miroir du Destin

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par Gabriel Du Bois-Hus
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Comme quand le ciel s’obscurcit
Et qu’un nuage affreux enveloppe la terre,
La tempête naissante est grosse d’un tonnerre
Qui plus il a d’obstacle et plus il s’endurcit,
On voit de tous côtés de rougeâtres ténèbres
Déployer leurs ailes funèbres,
La pluie éteint le jour et l’ombre la clarté,
Et les vents échappés de la prison d’Éole,
Rois souverains de l’air de l’un à l’autre pôle,
Défigurent le temps avecque impunité.

Durant cette sédition
Où tous les éléments font des guerres civiles,
Le tumulte et l’horreur environnent les villes,
Et toute la nature est en confusion ;
Des Aquilons mutins la fureur opiniâtre
Arme sur un même théâtre
Les deux sanglants auteurs d’un combat si cruel,
Le sein des éléments est plein de leurs ruines,
L’ait est un arsenal de feux et de ravines,
Où le chaud et le froid se battent en duel.

Cependant ce carreau fameux
Que la nature forme au sein de la tempête
Gronde, mugit, éclate, et semble qu’il s’apprête
À finir leur combat dans l’ardeur de ses feux ;
Ses murmures pourtant font croire que la foudre
A de la peine à se résoudre
De perdre tout d’un coup tant d’ennemis divers,
Et tandis que la nue est au fort de ses couches,
Le bruit son messager par cent diverses bouches
En porte la nouvelle au bout de l’univers.

Mais le monde étant aux abois,
Il paraît à la fin pour secourir la terre,
Et se jetant partout au milieu de la guerre,
Contraint les deux partis de recevoir ses lois ;
Il brise, il fend, il rompt le ventre des nuages,
Il naît dans un berceau d’orages,
Et demeure en naissant le monarque des airs,
C’est le jour de son sacre et le jour de sa fête,
De rayons et de feux il couronne sa tête,
Et règne avecque pompe en un trône d’éclairs.

Tel en ce siècle des guerriers,
Naissez, Foudre royal, au milieu des alarmes,
Naissez dans les combats parmi le bruit des armes
Où la gloire vous fait un berceau de lauriers ;
Entrez, entrez au monde, aimable Théagène,
Vous devez soulager sa peine,
Faisant naître la paix de vos plus doux regards,
Ne fuyez point nos jours s’ils ne sont pas si calmes,
Les fils des grands héros naissent dessus les palmes,
Et leurs langes se font de pièces d’étendards. […]

Gabriel Du Bois-Hus

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