L’épicier

Gaston Couté
par Gaston Couté
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V’là trois ans qu’je m’sés marié

Pasqu’i’ fallait ben qu’je m’marie :

Faut eun’ femme à tout épicier

Pour teni’ son fonds d’épic’rie ;

J’en ai pris eun’ qu’avait quéq’ssous

Mais vieille à pouvoir êt’ ma mère.

Songeant qu’bouchett’ rose et z-yeux doux

Val’nt moins qu’vieux bas plein, en affaire.
Va chemineux, va, lidéra !

Suis ton coeur oùs qu’i t’mén’ra !
A c’t’heure, après la r’cett’ du jour

Quand ej’ me couch’ comme m’incombe

Auprès d’ma femm’ qu’a pus d’amour,

Mon lit me fait l’effet d’eun’ tombe ;

Et dir’ que j’me bute à chaqu’ pas

Dans joli’ brune et belle blonde

Mais ren qu’ de m’voir leu causer bas

Ça pourrait fair’ clabauder l’monde.
Va chemineux, va, lidéra !

Suis ton coeur oùs qu’i t’mén’ra !
Quant à c’tte vieill’ qui m’fait horreur,

Pas possibl’ de m’séparer d’elle :

C’est comme eun’ pierr’ que j’ai su l’coeur

Et qui yempéch’ de bouger l’aile ;

La fair’ cornette, en vérité

F’rait ben mal aux yeux d’la « pratique »

Et, si j’venions à nous quitter,

Ça s’rait la mort de ma boutique.
Va chemineux, va, lidéra !

Suis ton coeur oùs qu’i t’mén’ra !
Gaston Couté

Gaston Couté

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