De Couteau
De couteau, la rouge histoire
Soufflait sur la plaine en gel.
Bise et mémoire.
Mémoire
Qui sait un plaisir mortel.
Soufflait sur la plaine obtuse.
Parlait de filles d’amour.
De nuques, de lits, de ruses
Et de sang dans des velours.
Soufflait ce vent des tribus.
Et derrière un pan de brique
Un cri bestial et fourbu
Passa le cri des fabriques.
De couteau, la chanson noble
Parlait de sang délivré
Qui fluait comme un vignoble
Au temps de maturité.
Parlait du cœur hébété
Tout seul avec la logique
D’un couteau qui veut goûter
Son vin généalogique.
O rois changés en statues.
Infantes belles à voir
Si mortes, si dévêtues
Aux flammes de hauts bougeoirs.
Tombez, masques, diadèmes.
Pour le bee d’un fol oiseau.
Pour le baiser du couteau
Qui fait sa lèvre lui-même.
Chaleur ombreuse du sein.
C’est en toi que nidifie
Un jeune couteau câlin
Endurci de poésie.
Et
Lazare, du tréfonds.
Tout habillé de sa peste.
Surgit et tend son poumon.
Couteau, pour savoir ton zeste.
La rose pourpre en sa moelle
Entendit ce chant si beau.
Se détourna de l’étoile
Et rêva d’être couteau.
Norge