Idylle
Mettons que je n’ai rien dit.
Mettons qu’il n’était pas l’heure.
Mettons que sonnait midi
Pour les pitances majeures.
Entends-tu marcher la nuit
Sur ses pantoufles de mousse,
Entcnds-tu la lune rousse
Qui vient glousser dans ses buis ?
Mettons que je n’ai rien dit ;
Silence, ma fine biche.
Lançons un maravédis
Dans la sébile du riche.
Chambrière, un coup de brosse
Au saint-frusquin du pendu.
Car son fils rose et dodu
En a besoin pour ses noces.
Mettons que je suis confus.
Allez, la terre tranquille
Peut tourner comme un gros fût
Clouté de cœurs et de villes.
Allez, aux bons carrefours,
La croix peut saigner en douce.
Mettons que vous êtes sourds.
Excusez-moi si je tousse.
Bon poids, bon goût, bon aunagc.
Ni enfer, ni paradis.
Soyez heureux en ménage.
Mettons que je n’ai rien dit.
Encore un air de guitare.
Encore un doigt d’Armagnac.
Le ciel est plat comme un lac ;
Juste un souffle pour
Icare.
Merlin dort dans son taudis
De glaise et de feuilles mortes.
Viviane a scellé la porte.
Mettons que je n’ai rien dit.
Ces voix, ces cris, ces sanglots.
Tout ça n’est rien, mon doux frère ;
C’est du bruit, il faut s’y faire.
C’est le bruit que font les mots.
Vive
Dieu, vive le beurre :
Le clairon vend à crédit
La victoire à l’ennemi.
Mettons qu’il n’était pas l’heure.
Chance ou guigne, azur ou givre.
Qui ne veut mourir doit vivre.
Janvier treize, un vendredi.
Mettons que je n’ai rien dit.
Norge