La Fille de Fabrique
La fille de fabrique
A souvent mal au cœur.
Mon
Dieu, cette pâleur.
C’est quand l’amour la pique
Pour un garçon blagueur.
Un brusque, un joli-cœur
Qui sait toucher aux filles.
Qui dit : c’est pour la vie.
Donne-moi
tout !
Malheur.
Malheur à qui s’y fie.
«Mon
Lou, mon chou, ma rcir
Je veux ton goût, ton corps.» Ça lui frissonne encore
Avec le cri si fort
Des musiques foraines.
Ça griffe et ça lancine
–
Minou.
Mina.
Mimine -Ça sonne plus profond
Que les appels si longs
Des sirènes d’usine.
Parti !
L’homme a fait clic
Au petit baluchon.
–
Adieu, fleur de fabrique.
Adieu, fleurs de nichons. -Et revenir ?
Bernique.
Elle pleure, elle endure. Ça faisait tant de bien.
Ces petites morsures
–
Mon
Poussy. mon
Poussin -Et ce lit de brûlures.
Fini.
Les larmes ont
Comme un sel de friture.
Les cris d’accordéon
Savent garder sans fond
Un bon chagrin qui dure.
Un chagrin qui se fond
Dans la manufacture
–
Boulons, pitons, crampons -Avec tout ce charbon
Qui croque à la denture.
Mon
Dieu, sais-tu par cœur
L’amour et la pâleur
Dans ces pays de briques.
Les goûts et les couleurs
Des filles de fabrique ?
Norge
Enfance