Le Charnel Azur
Dévastez ces chants
D’aimables cadences.
Ces molles pitances
Qu’une sauce attise.
Adieu, lourds festins.
Nous mourons de faim.
Mais c’est d’autres faims
Que nos dents s’aiguisent.
Qu’on jette aux poubelles
Sirops et vaisselles.
Repas et convives
Mêlés à leur guise
Et les vieux refrains.
C’est à d’autres faims
Que nos dents s’aiguisent.
D’un ongle de fer
Qu’on racle les murs
Graissés par les vers
De jolis poètes !
A poignes de crins
Effaçons les frises
Où brillaient ces fêtes ;
C’est à d’autres faims
Que nos dents s’aiguisent.
Alors nous d’aller
Toutes mains armées
De feux et de palmes (Et le cœur aussi)
Vers un sacrement.
Bien nus. bien tremblants.
Le pain des églises
A trompé nos flancs
D’un fade aliment
Où la foi s’enlise.
Le
Dieu sec et blanc
Des théologies
Laisse encor des faims
Brûler notre vie.
O. bouche agrandie
Jusqu’à la gencive.
C’est à d’autres faims
Que nos dents s’aiguisent.
Qu’on ouvre la roche
De fortes blessures
Si la roche mure
Un seul grain perdu
De la nourriture !
–
Peuple violent
Qui les faims endures
D’un froment si pur,
Par celte colère.
Tu m’as découvert.
Homme impatient.
Mange-moi vivant.
C’est ainsi de vrai
Qu’il nous parlerait
Le charnel a/ur.
Norge