Versets pour la Mer
Vieille vache de toujours, on a beau te taper sur la géographie,
Tu pisses tranquillement tes laits fabuleux, tes bouillons de crevettes et de cachalots.
En veux-tu, n’en via, des méduses, des vitamines et des clairs de lune.
Ah ! bonne vieille chérie de vache de mer de toujours, on a beau te traire le turbot, la baleine et l’otarie,
Tu vêles, tu vêles encore, comme un milliard de cascades.
Et tes mamelles fougueuses n’ont jamais fini d’inventer des gueules, des nageoires, des pinces, des coquilles ;
On croit te posséder, tu digères et tu enfantes –
Et tu broutes sans mâchoire l’herbe des siècles, toujours mourante et renaissante.
Pour entendre ton chant, car tu chantes, l’homme aussi doit mourir dans ton ventre vertigineux.
Et l’on n’aura de toi, grande femelle à moustaches, qu’un long sourire ébouriffé qui vient se calmer sur les sables.
Norge
Mer