Les chambres, dans le soir
Les chambres, dans le soir, meurent réellement :
Les persiennes sont des paupières se fermant
Sur les yeux des carreaux pâles où tout se brouille ;
Chaque fauteuil est un prêtre qui s’agenouille
Pour l’entrée en surplis d’une extrêmeonction ;
La pendule dévide avec monotonie
Les instants brefs de son rosaire d’agonie ;
Et la glace encore claire offre une assomption
Où l’on devine, au fond de l’ombre, un envol d’âme
Quotidienne détresse ! âme blanche du jour
Qui nous quitte et nous laisse orphelins de sa flamme !
Car chaque soir cette douleur est de retour
De la mort du soleil en adieu sur nos tempes
Et de l’obscurité de crêpe sur nos mains.
Ô chambres en grand deuil où jusqu’aux lendemains
Nous consolons nos yeux avec du clair de lampes !
Le règne du silence