Songeur, dans de beaux rêves t’absorbant

Georges Rodenbach
par Georges Rodenbach
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Songeur, dans de beaux rêves t’absorbant,
La pendule, à l’heure où seul tu médites,
T’afflige avec ses bruits froids, stalactites
Du temps qui s’égoutte et pleure en tombant.

C’est une eau qui filtre en petites chutes
Et soudain se glace aux parois du coeur ;
Et cela produit toute une langueur
L’émiettement de l’heure en minutes.

Collier monotone et désenfilé
De qui chaque perle est pareille et noire,
Roulant parmi la chambre sans mémoire ;
Piqûres du temps ; tictac faufilé.

Ah ! Qu’elle s’arrête un peu, la pendule !
Toujours l’araignée invisible court
Dans le grand silence, avec un bruit sourd…
Et ce qu’elle mord, et nous inocule !

La peur que demain soit comme aujourd’hui,
Que l’heure jamais ne sonne autre chose :
Un destin réglé dans la chambre close ;
Un peu plus de sable au désert d’ennui.

Le règne du silence

Georges Rodenbach

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