A J.-Y. Colonna
La connaistu, Daphné, cette vieille romance
Au pied du sycomore… ou sous les mûriers blancs,
Sous l’olivier plaintif, ou les saules tremblants,
Cette chanson d’amour, qui toujours recommence ?
Reconnaistu le Temple au péristyle immense,
Et les citrons amers où s’imprimaient tes dents,
Et la grotte fatale aux hôtes imprudents
Où du serpent vaincu dort la vieille semence ?
Saistu pourquoi, làbas, le volcan s’est rouvert ?
C’est qu’un jour nous l’avions touché d’un pied agile,
Et de sa poudre au loin l’horizon s’est couvert !
Depuis qu’un Duc Normand brisa vos dieux d’argile,
Toujours sous le palmier du tombeau de Virgile
Le pâle hortensia s’unit au laurier vert.
Recueil : Les chimères