Le Dieu
N’est pas athée qui veut.
Napoléon.
Je vous dis un soir une chose
Dont vous fûtes peut-être cause :
J’ai découvert un nouveau Dieu.
« Nous irons le prêcher ensemble »,
Me répondîtes-vous ; j’en tremble
Car… vous vous avanciez un peu.
Puisque, jusqu’à preuve apportée,
Je ne veux être qu’un athée
Qui ne peux croire qu’en l’Amour,
Quel Dieu, répondez-moi, quel diable
De Dieu né mort ou né viable
Avais-je bien pu mettre au jour ?
Mais… j’avais dit vrai… sans blasphème,
Vous allez voir… cherchez vous-même…
Vous ne trouvez pas ? non ? vraiment !
Je vais vous mettre sur la route :
C’est un Dieu bon… alors… nul doute
Que ce ne soit un Dieu charmant ;
Voyons !… le mot du… théorème,
C’est ?… c’est ?… mais c’est Vous, Vous que j’aime,
Que j’aime avec âme, avec feu ;
Mais c’est ton corps, mais c’est ton âme,
Mais c’est Toi, ma petite femme,
Toi, cet adoré petit Dieu ;
C’est ta raison et ton ivresse,
C’est ton esprit et ta caresse ;
Mais c’est Toi, c’est Toi, c’est Toi, Toi,
Toi… ce n’est pas une autre femme,
Toi… mais… pardonnez-moi, Madame,
J’ai l’air… d’un grand effronté, moi.
Depuis qu’en Vous j’ai voulu vivre,
L’amour de sagesse m’enivre,
De sagesse ?… tiens !… c’est curieux !
C’est la sagesse qui m’enflamme !
Mais, c’est assez causé, Madame,
Maintenant, soyons sérieux !
Nous allons arpenter le globe,
Dépêchons ! Mettez votre robe
Et votre chapeau préféré…
J’ai votre parole, il me semble ?
Nous allons vous prêcher ensemble,
Vous-même Vous Vous prêcherez !