L’idéal
L’honneur permet la galanterie quand elle est unie à
L’idée de sentiments du cœur, ou à l’idée de conquête.
Montesquieu.
Mon idéal n’est pas : mon ange,
À qui l’on dit : mon ange, mange ;
Tu ne bois pas, mon ange aimé ?
Un pauvre ange faux et sans ailes
Que les plus sottes ritournelles
Ont étrangement abimé.
Mon idéal n’est pas : ma chère,
De l’amant qui fait maigre chère,
Et dit chère, du bout des dents,
Moins chère que ma chère tante,
Ou que la chaire protestante
Où gèlent les sermons prudents.
Mon idéal n’est pas : ma bonne !
Ce n’est pas la bonne personne,
Celle dont on dit, et comment !
« Elle est si bonne ! elle est si douce ! »
Et qui jamais ne vous repousse,
Madone du consentement !
Non ! mon idéal, c’est la femme
Féminine de corps et d’âme,
Et femme, femme, femme, bien,
Bien femme, femme dans les moelles,
Femme jusqu’au bout de ses voiles,
Jusqu’au bout des doigts n’étant rien.
Une petite femme haute,
Capable de punir la faute,
Et de mépriser le Pervers,
Qui ne peut souffrir que l’aimable
Dans son salon, ou dans la fable,
Aussi bien en prose qu’en vers.
Une petite femme sûre
De trouver l’âme à sa mesure
Après… un petit brin de cour,
Et le chevalier à sa taille
Avant… l’heure de la bataille,
Oui, car… c’est la guerre, l’Amour,
Je vous dis l’Amour, c’est la guerre.
En guerre donc ! tu m’as naguère
Sacré ton chevalier féal !
Je vais sortir de ma demeure !
Je vaincrai, Madame, où je meure !
Car vous êtes mon idéal !
Comme un dur baron qui se fâche
Contre le pillard ou le lâche,
Quittait le fort seigneurial,
Je saisis ma lance et mon casque
Avec le panache et… sans masque,
Car vous êtes mon idéal !
Armé de ma valeur intime,
Oui, coiffé de ma propre estime,
Je m’élance sur mon cheval :
Le temps est beau, la terre est ronde,
Je ris au nez de tout le monde !
Car vous êtes mon idéal !
La lance autant que l’âme altière,
Nous jetons à la terre entière
Le gant, certes ! le plus loyal.
Mon bon cheval ne tarde guère,
Allons ! Et vole au cri de guerre !
Tous ! Valentine est l’Idéal !