La lettre
Elle vient subrepticement, se pose
Neigeuse colombe
Sur la table d’écoute
Où palpitent d’invisibles murmures
Elle voudrait te tenir aux abords
De la merveille
Mais ajuste distance
Entre toi et sa déchirure
L’ouvrant
Tu portes les mots à tes yeux
Jusqu’à en oublier le tard
Et les calligraphies des ombres sur le mur
Tu lis
Au plus creux de tes jours
L’éternité
Trop courte pour l’étonnement.
Là-bas, de l’autre côté des vents
Il fait immensément calme
Hors du temps
Où les ombres n’assiègent plus
Où la mort n’atteint pas
Cette aube du regard hier recru de larmes
Ce hautbois
Ce chant détaché de sa branche
Ces cristaux de neige
La brume fibre à fibre se déchire
En volutes d’encens
S’élève des étangs
Chaque instant lesté d’éternel
Nous jubilons dans l’assemblée des arbres.