Espoir
Pour moi, je vois encore des jouissances pures
Dans ce bonheur humain que l’on dédaigne tant ;
Il est encore pour nous d’innocentes parures,
Des plaisirs sans remords, et pour plus d’un instant ;
J’ai pour mon avenir plus d’un espoir qui brille…
Il en est un surtout qui réjouit mon cœur :
C’est l’amour d’une épouse, et ce que la famille
Peut offrir ici-bas de joie et de bonheur.
Oh ! qu’il est doux d’avoir un foyer domestique
Où l’on s’assied en paix avec ceux qu’on chérit ;
Oh ! qu’il est doux, le soir, dans une salle antique,
D’avoir sur ses genoux un enfant blond qui rit ;
De poser doucement les deux mains sur sa tête
Et puis de l’endormir par de vieilles chansons.
Et qu’importe au dehors, où gronde la tempête,
Qu’importe la rigueur des nuits et des saisons !
Au foyer devant nous se déroule la flamme ;
C’est en vain que du vent gémit la triste voix :
A mes côtés voici cette âme de mon âme,
Cet ange de mon cœur, l’épouse de mon choix,
Qui, vers moi se penchant, s’appuie à mon épaule.
Telle une tendre fleur, à l’écart des jardins
Recherchant un abri, s’appuie au tronc d’un saule
En répandant sur lui mille parfums divins.
Ô fleur de mon amour, couronne de ma vie !
De combien de parfums elle vient m’embaumer !
Aux habitants du ciel comment porter envie ?
N’ai-je pas sur la terre un ange pour m’aimer ?
N’ai-je pas une voix qui se mêle à mes plaintes,
A mes soupirs d’amour, à mes élans joyeux ?
S’il faut souffrir, encore, mes peines sont éteintes
Dans une larme de ses yeux.
Heureux qui peut ainsi joindre deux existences
Pour la vie et la mort, pour la joie et les pleurs !
Son bonheur est doublé comme ses espérances ;
Il a partagé ses douleurs.
Se peut-il que jamais si grand bonheur m’advienne ?
Cette sœur que j’attends la trouverai-je un jour ?
Tant de félicité sera-t-elle la mienne,
Et vivrai-je pour tant d’amour ?
Espérons ! Espérons ! c’est le mot qui console,
Espérons ! car l’espoir n’est pas fait pour tromper.
Le bonheur, s’il n’est pas une vaine parole,
Toujours ne peut nous échapper.
Espérons ! Espérons ! c’est le mot de la vie,
Le mot de la douleur et celui de l’amour ;
Le mot que dit toute hymne et toute poésie,
Mais qu’on ne dira plus un jour.