Le Figuier de la Tour
Omettez l’algue pourpre, les belles femmes, leurs buissons bleus sur le sable.
Omettez le tonnerre des bielles quand rougit le chaton périssable.
Omettez le glaçon de vos braises, le sel roux des baisers, tous funèbres, qui recouvre, au sommet des vertèbres, la cuvette où pourrissent les fraises.
Omettez, sans retard, le mystère
plus sérieux du vent de novembre
qui rappelle, du fond de la terre,
les morts qui vous léguèrent leur membre.
Omettez même l’œuf de la mère, et le poids de la main paternelle, sur vos langues le sel éphémère du mur de la maison éternelle.
Tu n’as plus, maintenant.
Fortunée, pierre au cœur ni ton cœur dans la pierre.
Ici toute à toi seule bornée, mort le roi, morte aussi la sorcière,
tu verras te sourire la grande
roue au bout du chemin blanc de cendre.
Vous décernerez une guirlande
de lis de beurre, dur, qu’on peut prendre,
au premier, parmi vous, qui repère dans les airs sa vieille âme, démente.
et qui d’un déchirant coup de pierre, la descend, et charma la tourmente.