Enfin ce traître Amour qui semblait désarmé
Enfin ce traître Amour qui semblait désarmé
Reprend force en mon coeur, et recouvre sa gloire,
Je sens encore les feux dont je fus enflammé,
Et si j’ai triomphé c’est avant la victoire.
Ce beau soleil d’Amour pour un temps obscurci,
Que les dédains couvraient comme un épais nuage,
Rendant de ses rayons tout le ciel éclairci,
A chassé les brouillas qui me servaient d’ombrage.
Maintenant il rayonne à plein dessus mon coeur,
Ardent en son Midi d’une excessive flamme.
Amour aveugle enfant, de vaincu fait vainqueur,
En est le Phaëton qui va brûlant mon âme.
Elle pour amortir le feu de ses beaux yeux
Qui la rendent d’Amour ardemment allumée,
Cherche à noyer son mal dans le fleuve oublieux,
Mais son onde s’enfuit de mon âme enflammée.
Toujours devant les yeux lui revient le penser
Des beautés dont Amour rend sa force établie,
Soit veillant, soit dormant, j’y rêve sans cesser,
Et de les oublier seulement je m’oublie.