Quand l’infidèle usait envers moi de ses charmes

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par Jacques Davy Du Perron
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Quand l’infidèle usait envers moi de ses charmes,
Son traître coeur m’allait de soupirs émouvant,
Sa bouche de serments, et ses deux yeux de larmes,
Mais enfin ce n’étaient que des eaux, et du vent !

Elle jurait ses yeux, lumière parjurée,
Et ses yeux consentaient à l’infidélité,
Que notre amour serait à jamais assurée,
Mais ses yeux profanés n’ont pas dit vérité.

Ses yeux qui nourrissaient tant d’arcs en leurs prunelles,
S’ils ne m’eussent déçu, l’on s’en fût ébahi,
Ses yeux qui n’étaient siens que pour être infidèles
Il y allait du leur, s’ils ne m’eussent trahi.

Je devais souhaiter, afin de ne me plaindre,
Qu’ils n’eussent pu s’aider sinon de la rigueur :
Infidèle aux beaux yeux qui savez si bien feindre,
Changerezvous point d’yeux aussi bien que de coeur ?

Elle jurait ses yeux qu’elle s’était rangée
A ne vouloir changer d’humeur aucunement,
Et si ne mentait pas, bien qu’elle soit changée,
Car son humeur était le même changement.

Elle jurait ses yeux qui pour feindre des peines
Arrosaient son beau sein de leur humidité.
Je pensais que ses yeux fussent vives fontaines,
Et qu’elle eût dedans l’âme un roc de fermeté.

Mais je me trompais bien de penser cela d’elle,
Et ne connaissais pas ses traits malicieux,
Ce n’était que du vent enclos en sa cervelle,
Qui se tournait en pluie, et sortait par ses yeux.

Si toujours je ne l’eusse en mon âme adorée,
Je ne blâmerais pas son courage léger,
Et ne l’attaquerais de sa foi parjurée,
Si je ne l’eusse aimée assez pour l’obliger.

Apprenons de ce sexe à le traiter de même :
A nous tenir en garde, et ne nous fier point.
Faisons la guerre à l’oeil, aimant comme on nous aime,
Et ne nous engageons si ce n’est bien à point.

Si l’on nous veut aimer, ne trouvons point étrange
D’aimer encore plus, et d’aller bien servant,
Mais ces Caméléons qui n’aiment que le change
Saoulonsles d’inconstance, et les paissons de vent.

Infidèle beauté, qui me rendras plus sage
Désormais à l’endroit des autres que de toi,
Je te dois mon école, et mon apprentissage,
Et te payant ces vers, c’est ce que je te dois.

Jacques Davy Du Perron

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