Tyrannie d’amour
Elle m’avait un jour mon coeur rendu,
Non pas rendu, prêté, que doisje dire ?
J’avais mon coeur, et moi fier et de rire
Comme d’un don des hauts cieux descendu.
Mais, ô dur prêt, je l’ai brièvement dû,
Car tout soudain elle à soi le retire
Puis le me geint et puis le me martyre.
Ris malheureux, que tu m’es cher vendu !
Que pensaitelle ? éprouver la mesure
De moi sans coeur et de moi coeur ayant ?
Non, mais plus tôt se payer de l’usure
D’un mien ris bref, et me faire croyant
Que je ne dois, ni peux, ni ose
Sans son congé penser aucune chose.