Art abstrus
Désagréablement surpris de vivre à peine satisfait de ne pas être mort jamais il n’adresse la parole à la vie
Il y a une nuance entre dire et demander merci
Et la tête entre les mains et les pinceaux tout prêts mais la couleur si loin
debout devant son chevalet de torture picturale il se regarde et s’observe dans le miroir de la toile où la mygale de la mégalomanie tisse et retisse à l’infini la décalcomanie logogriphique de ses spéculations esthétiques
Abstraire une vache pour en tirer du lait et tirer de ce lait le portrait d’un brin d’herbe que la vache a brouté
Pourtant
des tournesols de fer voltigent en
Provence dans les
jardins de
Calder pourtant sous la pluie contre un poteau télégraphique un vélo de
Braque dit
merci à l’éclaircie pourtant
Claude et
Paloma
Picasso ne prennent pas la
peine de pousser le cadre pour sortir tout vivants
du tableau
pourtant la bohémienne endormie rêve encore au douanier
Rousseau
pourtant des éclats de soleil blessent encore l’oiseau tardif des paysages de
Miro
pourtant à
Florence
cette haleine de fleurs peintes entre les lèvres de la bouche d’un visage de
Botticelli
a toujours le même parfum que le printemps de
Vivaldi
pourtant aujourd’hui
en pleine lumière d’Antibes
dans une galerie d’art à
Parie
l’enfant du sang des songes
frémissant et meurtri
devant une toile de
Nicolas de
Staël
chante sa fraternelle ritournelle
La mort est dans la vie la vie aidant la mort
la vie est dans la mort la mort aidant la vie.