Confession publique
Nous avons tout mélangé
c’est un fait
Nous avons profité du jour de la
Pentecôte pour accrocher les œufs de
Pâques de la
Saint-Barthélémy dans l’arbre de
Noël du
Quatorze
Juillet
Cela a fait mauvais effet
Les œufs étaient trop rouges
La colombe s’est sauvée
Nous avons tout mélangé
c’est un fait
Les jours avec les années les désirs avec les regrets et le lait avec le café
Dans le mois de
Marie parait-il le plus beau nous avons placé le
Vendredi treize et le
Grand
Dimanche des
Chameaux le jour de la mort de
Louis
XVI l’Année terrible l’Heure du berger et cinq minutes d’arrêt buffet.
Et nous avons ajouté sans rime ni raison sans ruines ni maisons sans usines et sans prisons la grande semaine des quarante heures et celle des quatre jeudis
Et une minute de vacarme
s’il vous plaît
Une minute de cris de joie de ohansons de rires et de bruits et de longues nuits pour dormir en hiver avec des heures supplémentaires pour rêver qu’on est en été et de longs jours pour faire l’amour et des rivières pour nous baigner de grands soleils pour nous sécher
Nous avons perdu notre temps
c’est un fait
mais c’était un si mauvais temps
Nous avons avancé la pendule
nous avons arraché les feuilles mortes du calendrier
Mais nous n’avons pas sonné aux portes
o’est un fait
Nous avons seulement glissé sur la rampe de l’escalier
Nous avons parlé de jardins suspendus
vous en étiez déjà aux forteresses volantes
et vous allez plus vite pour raser une ville que le petit barbier pour raser son village un dimanche matin
Ruines en vingt-quatre heures
le teinturier lui-même en meurt
Comment voulez-vous qu’on prenne le deuil.