J’ai toujours été intact de dieu…
J’ai toujours été intact de
Dieu et c’est en pure perte que ses émissaires, ses commissaires, ses prêtres, ses directeurs de conscience, ses ingénieurs des âmes, ses maîtres à penser se sont évertués à me sauver.
Même tout petit, j’étais déjà assez grand pour me sauver moi-même dès que je les voyais arriver.
Je savais où m’enfuir: les rues, et quand parfois ils parvenaient à me rejoindre, je n’avais même pas besoin de secouer la tête, il me suffisait de les regarder pour dire non.
Parfois, pourtant, je leur répondais : «
C’est pas vrai ! »
Et je m’en allais, là où ça me plaisait, là où il faisait beau même quand il pleuvait, et quand de temps à autre ils revenaient avec leurs trousseaux de mots-clés, leurs cadenas d’idées, les explicateurs de l’inexplicable, les réfutateurs de l’irréfutable, les négateurs de l’indéniable, je souriais et répétais: «C’est pas vrai ! » et «
C’est vrai que c’est pas vrai ! »
Et comme ils me foutaient zéro pour leurs menteries millénaires, je leur donnais en mille mes vérités premières.