A Etienne Jodelle se jouant sur son nom retourné
Quand tu naquis en ces bas lieux
Tous les dieux et les demi dieux
Et les déesses plus bénines
Gravèrent de lettres divines
Dans ton astre bien fortuné
‘Le Délien est né !’
Tout le Parnassien troupeau
Chantant autour de ton berceau,
Te prévoyant son prêtre en France,
Disait en l’heur de ta naissance
Sur ton front déjà couronné
‘Le Délien est né !’
Les nymphes des bois et des eaux,
Faunes, chèvrepieds, satyreaux,
Les rocs, les antres, les montagnes,
Les prés, les bosquets, les campagnes,
Ont tous ensemble résonné
‘Io le Délien est né !’
Dès la fleur de tes jeunes ans,
De nos poètes les mieux disants,
Ravis, comme d’un autre Ascrée,
De ta docte bouche sacrée,
Ont tous sur leur lyre entonné
‘Io le Délien est né !’
Il me semble déjà que j’oi
Rire et chanter avecques moi
Toutes nos plus belles fillettes,
Ayant de gaies violettes
Leur chef épars environné
‘Io le Délien est né !’
Ne craignez plus, divins esprits,
Que l’ignorant gagne le prix
Dessus votre gloire immortelle
Votre divin Jodelle
Qui vous était prédestiné,
‘Io le Délien est né !’