La jeunesse
Oui, nous sommes les fiers, nous sommes la jeunesse !
Le siècle nous a faits tristes, vaillants et forts ;
Condamnant sans pitié la peur et la faiblesse,
Nous plaignons les vivants sans gémir sur les morts.
S’il tombe de nos yeux quelques vains pleurs de femme,
Nous les laissons couler paisibles ; mais, après,
Meilleurs, nous voulons voir plus haut monter notre âme,
Des larmes à l’espoir, du progrès au progrès !
Nous aimons la justice et la clémence sainte ;
Nous poursuivons le mal plus que le malfaiteur ;
Nous embrassons le pauvre en une ferme étreinte,
Afin qu’il sente un cœur de frère sur son cœur !
Arraché au repos, lancés dans la bataille
Par un pouvoir secret… qui nous importe peu,
Nous vivons ! et chacun de nous lutte, et travaille
À dresser sur l’autel la Liberté, son dieu !
Loin de l’humilité, la doctrine inféconde
Qui fait courber le front à l’auguste Vertu,
C’est pour vivre debout et citoyens du monde,
Que nos pères, martyrs saignants, ont combattu !
Et nous qu’ils ont grandis, au fond des cieux splendides
Nous pouvons, par-dessus les monts de l’horizon
Et par-dessus l’amas des préjugés stupides,
Entrevoir l’éclatant lever de la Raison.
Nos aînés sont tous là, devant nous, sur la route,
Mais l’un d’eux quelquefois s’arrête pour mourir ;
Parfois l’un d’entre nous, pâle, chancelle et doute,
Et la foule en révolte est lasse de souffrir !
Alors, vous le savez, vous, soldat jeune encore,
Penseur au chant superbe et mâle travailleur,
Vous dont l’âme rayonne en attendant l’aurore
Qui doit illuminer notre nuit de malheur !
Alors, serf du devoir, confiant dans son âge,
Un volontaire est là qui sort des rangs épais,
Et jette un cri vibrant d’amour et de courage,
Poète du combat, combattant de la paix !