La Méditerranée
La Méditerranée est couchée au soleil ;
Des monts chargés de pins, d’oliviers et de vignes
Qui font un éternel murmure au sien pareil,
Voient dans ses eaux trembler leurs lignes.
Elle est couchée aux pieds des pins aux sueurs d’or,
Qui de leurs parfums d’ambre embaument la campagne ;
Elle veille en chantant ; en chantant elle dort ;
La cigale en chœur l’accompagne.
Au bord de cette mer Praxitèle rêvant
A pris à la souplesse exquise de ses lames,
Pour fixer la Beauté dans le Paros vivant,
Des formes fuyantes de femmes.
La Méditerranée, ô rêve ! est donc la mer
D’où sortit Vénus blonde aux pieds blanchis d’écume,
Et comme la Beauté donne un bonheur amer,
Les flots bleus sont faits d’amertume.
Lorsque Pan dut céder aux dieux nouveaux venus
Vénus revint mêler aux flots sa beauté blonde,
Et sous leur transparence elle erre encor, seins nus,
Lumineuse, éparse dans l’onde.
En ses limpides yeux se mirent nos grands bois ;
Cigales, nous rythmons ses chants avec nos lyres,
Car Pan aime d’amour ses yeux verts et sa voix,
Et ses innombrables sourires !