La Rose

Jean-Antoine De Baïf
par Jean-Antoine De Baïf
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Durant cette saison belle
Du renouveau gracieux,
Lorsque tout se renouvelle
Plein d’amour delicieux,
Ny par la peinte prérie,
Ny sus la haye fleurie,
Ny dans le plus beau jardin,
Je ne voy fleur si exquise
Que plus qu’elle je ne prise
La rose au parfum divin.

Mais la blanche ne m’agrée,
Blême de morte paleur,
Ny la rouge colorée
D’une sanglante couleur :
L’une de blémeur malade
Et l’autre de senteur fade,
Ne plet au nés ny à l’oeil.
Toutes les autres surpasse
Celle qui vive compasse
De ces deux un teint vermeil.

La rose incarnate est celle
Où je pren plus de plaisir :
Mais combien qu’elle soit telle
Si la veuje bien choisir.
Car l’une prise en une heure,
Et l’autre en l’autre est meilleure
Au chois de nostre raison.
Toute chose naist, define,
Tantôt croist et puis decline
Selon sa propre saison.

Je ne forceray la rose
Qui cache, dans le giron
D’un bouton etroit enclose,
La beauté de son fleuron.
Quelque impatient la cueille
Devant que la fleur vermeille
Montre son tresor ouvert ;
Mon desir ne me transporte
Si fort que celle j’emporte
Qui ne sent rien que le verd.

Les Passe-temps

Jean-Antoine De Baïf

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