Le temps ne bouge point et jamais ne repose
Le temps ne bouge point et jamais ne repose,
La vie instable fuit et ne chemine pas,
Fortune escrime et bat sans remuer les bras,
Le monde nous dépêche et n’en savons la cause.
L’ami avec l’ami se trompe à lèvre close,
La chair sans le sentir consomme nos ébats,
Languissant sans secours le coeur chet au trépas,
Et la nuit à nos yeux effroyable s’oppose.
La mémoire de nous comme neige défaut,
Notre gloire se passe et la mort nous assaut,
Entrant en la maison sans brusquer à la porte.
Il n’est pas ordonné que nous vivions toujours,
Incontinent fanit le plus vert de nos jours,
Par l’hiver rigoureux que la vieillesse apporte.