Quand j’ois parler d’un prince et de sa cour

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par Jean Bouchet
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Ballade

Quand j’ois parler d’un prince et de sa cour,
Et qu’on me dit : Fréquentezy, beau sire,
Lors je réponds : Mon argent est trop court,
J’y dépendrais, sans cause, miel et cire :
Et qui de cour la hantise désire,
Il n’est qu’un fol, et fûtce Parceval ;
Car on se voit souvent, dont j’ai grand ire,
Très bien monté, puis soudain sans cheval.

Averti suis que tout bien y accourt,
Et que d’argent on y trouve à suffire ;
Mais je sais bien qu’il déflue et décourt,
Comme argent vif sur pierre de porphyre.
Argent ne craint son maître déconfire,
Mais s’éjouit d’aller par mont et val,
En le rendant, pour en deuil le confire,
Très bien monté, puis soudain sans cheval.

Celui qui a l’entendement trop lourd
N’y réussit, fors à souffrir martyre,
Et qui l’esprit a trop gai, prompt et gourd,
Il perd son temps ; malheur à lui se tire.
Esprit moyen, chevance* à lui retire :
Mais le danger est de ruer aval ;
Car la cour rend le mignon qu’elle attire
Très bien monté, puis soudain sans cheval.

ENVOI

Prince, vrai est, on ne m’en peut dédire,
Que la cour sert ses gens de bien et mal,
Et qu’elle rend l’homme, sans contredire,
Très bien monté, puis soudain sans cheval.

(*) fortune

Jean Bouchet

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