Le grand destin
Ami, la liberté vaut mieux qu’une amourette.
Regarde cette mer sauvage, hardie et fière !
Regarde cette étoile filant dans le ciel :
Elles n’ont point d’attache et touchent l’infini.
Observe la montagne au sommet dans les nues,
Plonge-toi dans ce lac aux profondeurs secrètes,
Ecoute la nature en éveil dans les bois
Et dans les plaines sens les parfums de la flore.
La lumière divine est un cadeau pour toi ;
Mon ami, sache vivre en accord avec l’heure,
Lutte ! Ecarte de toi la gêne et la tristesse…
Profite sans périr des bonheurs passagers.
Ne gâche point ta vie par de fatals regrets.
Méprise le chagrin : Le véritable amour
Fait vivre et non mourir. Perds et regagne ailleurs.
Pleure et noie ton chagrin, enivre-toi du monde.
Si l’on aime, sois gai ; sinon chante en toi-même.
Si les hommes sont ternes ou méchants ou bêtes,
Reste seul si tu dois, résiste comme un roc
Et renais au printemps plus fort grâce aux hivers.
Ami, la liberté vaut mieux qu’une amourette.
Regarde ce grand chêne au milieu du bosquet,
Qui affronte les vents sans plier de la tête :
Il trempe dans le sol et nage au firmament.
Ami, pars et découvre, ici comme là-bas,
Et toi comme au dehors, partout comme au-delà,
Tout ce qui vaut de vivre et toujours fait renaître.
L’avenir t’appartient. Sache par où le prendre.
Jean-Charles Dorge, Promenade poétique