Ô royauté tragique! ô vêtement infâme !
Ô royauté tragique ! ô vêtement infâme !
Ô poignant diadème ! ô sceptre rigoureux !
Ô belle et chère tête ! ô l’amour de mon âme !
Ô mon Christ seul fidèle et parfait amoureux !
On vous frappe, ô saint chef, et ces coups douloureux
Font que votre couronne en cent lieux vous rentame.
Bourreaux, assenezle d’une tranchante lame,
Et versez tout à coup ce pourpre généreux.
Fautil pour une mort qu’il en souffre dix mille ?
Hé ! voyez que le sang, qui de son chef distille,
Ses prunelles détrempe et rend leur jour affreux.
Ce pur sang, ce nectar, profané se mélange
À vos sales crachats, dont la sanglante fange
Change ce beau visage en celui d’un lépreux.
(Sonnet LXVII)
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