Si tant de maux passez ne m’ont acquis ce bien
Si tant de maux passez ne m’ont acquis ce bien,
Que vous croyez au moins que je vous suis fidelle,
Ou si vous le croyez, qu’à la moindre querelle
Vous me faciez semblant de n’en plus croire rien ;
Belle, pour qui je meurs, belle, pensez vous bien
Que je ne sente point cette injure cruelle ?
Plus sanglante beaucoup, que la peine éternelle
Où malgré tout le monde encor je me retiens,
Il est vray toutesfois, vos beautez infinies,
Quand je vivrois encor cent mille et mille vies,
Ne se pourroyent jamais servir si dignement
Que je ne fusse à leur valeur parfaicte :
Mais croyezle ou non, la preuve est toute faicte
Qu’au près de moy, l’amour aime imparfaitement.