En dormant cette nuit, je songeai que ma dame
En dormant cette nuit, je songeai que ma dame,
Ainsi comme j’allais me promener aux champs,
Était en une prée où sa voix et ses chants
Donnaient aux champs voisins une oreille et une âme,
Quand j’aperçus son oeil qui réchauffa ma flamme
Et embrasa de feu mon corps et tous mes sens ;
Soudain je la priai avec humbles accents
D’apaiser la douleur qui me perce et m’entame.
Elle s’enfuit alors, et je la poursuivis.
Mais, fuyant, en un arbre échanger je la vis.
Apollon, qui survint à chose si étrange,
Me dit à haute voix : ‘ C’est moi, Phébus, qui veux,
Afin d’en couronner ton front et tes cheveux,
Que Lucrèce en laurier comme Daphné se change.’