Prélude

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par Jean Lahor
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Tu ne me connais pas, tu ne sais qui je suis,
Tu ne m’aperçois pas, le soir, quand je te suis,
Quand se perd ma pensée en tes lueurs de femme,
Quand je m’en vais, noyant mes sens, noyant mon âme
Dans les candeurs et les fraîcheurs de ta beauté.
Tes regards clairs, pareils à des matins d’été,
Si chastement encor s’arrêtent sur les choses :
Tu n’as jamais su voir le trouble que tu causes,
Jamais tu n’as su voir, en passant devant moi,
Que je m’émeus et souffre, et pâlis près de toi !
À qui donc serastu ? Qui boira la lumière
De tes yeux ? Qui verra l’ivresse printanière
De ton premier amour ? Un soir, quel bienheureux
Te tiendra sur son coeur comme un oiseau peureux ?
Oh ! qui déroulera ta jeune chevelure ?
Qui viendra respirer, ô fleur, ton âme pure,
Et par de longs baisers courant sur tes bras nus
Fera passer en toi les frissons inconnus ?
Et moi, qui si longtemps t’ai cherchée et rêvée,
Je dois donc te quitter, lorsque je t’ai trouvée !

L’illusion

Jean Lahor

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