Morgane
Un pâle clair de lune allonge sur la grève
L’ombre de hauts clochers et de grands toits, où rêve
Tout un choeur de géants et d’archanges ailés.
Pourtant la ville est loin, à plus de deux cents lieues ;
La dune est solitaire et les toits dentelés,
Les clochers, les pignons et les murs crénelés,
Sur le sable et les flots montent en ombres bleues.
Au fond des profondeurs du ciel gris remuées
Toute une ville étrange apparaît : des palais,
Des campaniles d’or, hantés de clairs reflets,
Et des grands escaliers croulant dans les nuées.
Leur ombre grandissante envahit les galets
Et Morgane, accoudée au milieu des nuages,
Berce audessus des mers la ville des mirages.
L’ombre ardente