Sur un mai
Ce mai que j’ai planté, belle pour qui j’endure
Et qui trop m’avez fait endurer sans raison,
Quelque chose a de vous : je fais comparaison
De votre beauté jeune à sa belle verdure.
Le chêne est un dur arbre, et vous êtes bien dure :
Vous n’êtes moins que bois sourde à mon oraison :
Le mai sert de parer l’amoureuse saison :
Ainsi fait le jeune âge, âge qui si peu dure,
Sîtot que, de ce mai, l’honneur sera séché
Pour le jeter au feu il sera détranché :
Vous pouvez de ceci votre aventure apprendre,
Si, jeune, vous n’aimez, amour, pour vous punir,
Lorsque vous sentirez la vieillesse venir,
De regret et de deuil vous doit tourner en cendre.