Adieu

Jean-Philippe Salabreuil
par Jean-Philippe Salabreuil
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On dit que je m’amuse

Et que bien sûr je fais exprès

De haler cette râpe de pierre au plus près

De mon cœur léger d’érable qui s’use

Mais je suis parmi vous

Devant l’établi sous la neige

Les uns se sont assis d’autres mis à genoux

Et maintenant de mes mains que ferai-je ?

Je ne suis pas venu

Pour vous maudire ou vous comprendre
Un matin j’ai quitté mon lit dans le ciel nu
J’ai roulé dans votre printemps très tendre

Il y a si longtemps

Que je mûris pêche pourrie

Dans l’hiver de la nappe immaculée des temps

L’auréole s’empourpre quand je prie

Et je vois les blancheurs

De mon verger sous la nuit claire

Je respire à nouveau cette obscure fraîcheur

De nia vieille maison dans la lumière

Mais ce pays n’est plus

Sans doute que la meurtrissure

D’un coup de poing dans le pauvre visage imbu

De pluie du ciel ancien maigre pelure

Je ne menuiserai

Plus que le creux et long poème

De ma mort et près de
Clara ne resterai

Que le temps de lui dire si je l’aime

J’irai loin des villages

Et il se peut qu’alors je sois

Quelque chose comme un suicidé les doigts

Pleins de fleurs dans la niche des feuillages.

Jean-Philippe Salabreuil

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