Léproserie d’étoiles
Le soir après la pluie dans mon jardin
Beaucoup de gens battent des mains
Venez monsieur le poète venez voir
Les étoiles sont blanches dans le ruisseau noir
Beaucoup de gens sur l’angle bleu des myosotis
Ont piétiné la bourrée de l’impatience
Et bleui sans vouloir leurs brodequins de cuir
Avec le bleu ma délivrance avec mes myosotis
Venez quand même on a vu pire
On vous demandera pardon avec plein de pervenches
Je me suis donc vêtu de ma très pauvre peau
C’est tout ce que je mets entre le monde et moi
Mon cœur c’est ce qui bat le reste c’est le froid
Inerte était le froid dans le ruisseau
J’y suis allé portant mon cœur qui bouge à peine
Avec eux j’ai marché le long des bœufs chargés de
[chaînes Et là-bas le spectacle n’était pas beau vraiment Les étoiles étaient mortes une main sur la gorge Comme font les grenouilles au ventre blanc Sur la rouille des mares où pisse le bouc jaune Alors on s’en retourne et seul je suis resté Je me demande ainsi pourquoi mon cœur remue Dans les plis de ma peau comme une bête nue Mais les comes des bœufs quand je suis repassé
Avaient crevé la nuit que la mort les bénisse
Dans l’angle du jardin l’ombre penchée me glisse
Un pot de lait fleuri avec un bouquet bleu
Il y a aussi dessus un petit hochequeue
Qui tremble et dans ma poche je l’ai mis
Je respire les fleurs et puis je bois le lait
Étoiles après la pluie on sait que je vous aime
Ils me diront demain si je les remercie
C’est rien c’est rien du tout c’est pour ce beau poème
Où vous chantez si bien notre léproserie.