Lettre à georges emmanuel clancier
Comme deux yeux les âmes bleues
Hier la nuit de deux enfants
Perdu le visage émacié
De la terre en labour à des lieues
D’une très vieille auberge de printemps
Je pense à vous Georges Emmanuel Clancier
Qui dans le bois vert de vos poèmes
Plantez beaucoup de clous d’argent
Que cela fasse un grand verger de rêve
Aux lis en fleur dans la fraîcheur du temps
Mais moi je suis venu l’année dernière
Dans mon jardin qui est une croix de lumière
Où j’ai arraché les lis ou bien les clous
Choisissez donc la plus pimpante image
Et voyez je ne mets plus de points du tout
Sommes-nous faits pour nous entendre il serait sage
Peut-être d’élever une muraille de soupçon
A la limite de nos deux ombreux finages
Où nous allons chantant chacun notre chanson ?
Voici pourtant que novembre commence
Et sans savoir pourquoi je me mis à scruter
De nouveau l’une ou l’autre de vos évidences
En suivant les chevaux sous la lune insultés
Par le crachat laineux des vieilles aubépines
Ou bien dans ma maison gelée qui s’imagine Avoir entre les bras un nid d’oiseaux criards Je clame en pleine nuit chaque verset du psaume Et ce sont dans le closeau qui m’entoure l’arôme Et les couleurs d’un printemps sur le tard Croyez-vous que je vive oublieux des musiques Où j’ai trouvé le sens d’une vie de beauté ? De la vôtre entre toutes je me suis rappelé Quand a sonné l’oubli dans le bleu des chapelles Et puis me souvenant qu’au bout du gris des jours Fleurit Fidèlement l’incroyable tulipe Je vous envoie le message de mon bonsoir J’achève d’une étoile en lieu de point final.