Lied aux ombres d’hiver
Un matin le vent traverse les cendres
Du jeune jour maigre et ce sont
Comme d’anciens temps gris qui recommencent
Où sans rimes ni raisons
Nous vivions de beau silence
Et de belle folie
Tu me regardes et si je te délie Maintenant des chanvres de froide pluie Sans doute vas-tu sourire et que luise Un instant l’âme lointaine j’épuise Au souffle court ce vieil été d’aubes moisies
Tu n’échapperas plus au verger de mes mains Le ciel gris passe entier parmi les doigts des morts Ensemble souviens-toi de cette forêt torte Nous l’avons fait pencher jusqu’aux eaux du matin Je me souviens je t’aime et me souviens
Il y avait encore une prairie
Fleurie de larmes et d’abandons
Nous en avons sur nous fermé la grille
Est-il passé depuis tant de saisons ?
Sommes restés dedans mille et mille matins
Depuis le temps le temps que je t’ouvre mes mains.