Matin clair
Sur un carreau d’herbe commune On agenouille le cheval Et le bouchonne un journalier La fraîche guenille à peine Trahit-elle un verger d’enfants pauvres Et quand la lune s’oppose au soleil Dans l’encoignure des deux lumières A la pointe des branches comme au bec De la bouilloire la goutte d’eau brûlante Un oiseau grésille et retombe aussitôt
De telle vie je n’en ai qu’une
Et ce beau matin noircira le journal
Un peu plus de mon ciel cavalier
Ce n’est pas le bruit des fontaines
Ou les lueurs du sang qui jamais sauvent
Le vieil homme du gâchis de son sommeil
Et moi qui veille je connais le poids des pierres
Sur la corne des flûtes et le front du rebec
Semblable à notre amour est la corde qui chante
Dans les ventres obscurs des femmes levées tôt.