Petite fanfare funèbre
Ûhé là-haut les mondes bleus vos trognes d’or
En avant marche au travers les bourgs de la nuit
Et que ça saute avec l’harmonie turque ou maure
Des sphères beuglant fort le poète s’ennuie
Ah mais je suis tout seul sur la terre en sommeil
Entre les delphiniums aux cent vertèbres peintes
La neige craque encore aux profondeurs et veille
Où je devine d’un hibou les feux éteints
Alors je songe et songe depuis quand mon
Dieu
Le soir a chu des ifs comme un épouvantail
Ou plutôt des pêcheurs et puis non fructueuse
La mort m’est demeurée moi qui n’ai sou ni maille
Et m’éveille à côté devinez à côté
De la mort qui n’est pas très belle vous savez
Qui ne fait pas l’amour au chien gris sans pâtée
Les mortelles non plus mon âme pas lavée
D’ailleurs c’est bien égal ce qui compte surtout
C’est pour l’instant ce poème où je crie je hèle
A l’adresse de la fanfare un s’il vous plaît
Qu’enfin ça joue dans les hauteurs qu’enfin ça joue
Oh demain je ne dis pas qu’au noir trente et un
Je ne puisse me mettre et bien rincé bien propre
Pas un grain de poussière on va dans les jardins
C’est dimanche cueillir
l’orgueilleux héliothrope
Les filles sont venues heureuses si heureuses
Un boisseau d’amidon raidissant leur jupon
Alors je songe depuis quand mon
Dieu
Que je les déshabille ici quand minuit sonne
Une fraîcheur m’éveille abasourdi froissé
Boueux maigri sur l’herbe du même jardin
Seul avec elle un goût de lèvres trépassées
Dans la bouche tout seul avec l’ombre défunte
Oh mon frère qui marche au-delà de la nuit
As-tu connu ce chant navrant que beugle un cor
Là-haut le seul qui me réponde et ce soir pleure
S’en aille au loin sans moi qui suis pauvre et
[m’ennuie ?