Poème depuis longtemps
Il y a cette année
Beaucoup de neige dans mes poèmes
Et c’est aussi que l’hiver
A longtemps reblanchi notre monde
Or si je regarde bien
Dedans dehors un peu partout
J’aperçois des chevaux et des chiens
Qui marchent dans les fleurs au fond de l’eau
Comment ai-je pu tant dormir
Le ciel soudain n’est plus désert
Je reconnais des gens à leur sourire
Voici que je respire au bord de la lumière
Un autocar jaune apporte des arrosoirs
Un train pas bien long passe à travers le temps
Je vais au bout de mon petit couloir
Là est le jour la porte ouvre au printemps
Beaux brins de filles de pervenches
Jupons qui dérobez une tulipe au ciel
La route à son épaule arque des branches
Un oiseau fuse au pavillon de la forêt
Je suis parti revoir la terre
Le moteur vert tourne tout rond
Mais l’or du vent hisse paupière
J’ai les yeux bleus et je suis blond
Halte ici recommence la vie
Sous un écroulement de lilas mauves
Je cache la voiture et je dévie
D’un pas de deux ou trois vers l’aube
Comment décrire ce qui s’ensuit
Les pins sifflent l’étang bouge
Alors je fume auprès d’un puits
Toujours se déclare une joue très rouge
Ici-bas tu portes le nom
Léger que tu m’as dit j’en porte un autre
Mais à nous deux nous portons le même amour
[au monde
Aux plantes la même eau le même jour aux morts.