Artaud Rimbur
(extrait)
Ecrire, c’est ça!
C’est d’abord découvrir qu’on a, en nous, ce trou d’mort à langues trouées où s’entassent, pêle-mêle, ces langues de tiraillons du
Tchad ou de cajuns des bahous, cousins des ex-bat, d’Af., eux-mêmes matassins négro-politains des rastas de squatts, matachés de oualonga-doudoux, comme chez, nous, à
Gembloux !
C’est comprendre et aimer ça quitte à avoir l’air d’avoir trop souillé dans l’encrier du nec sous-ultra ! — et, dans le même temps, c’est accomplir, ce geste
insensé, de noria dans le nada !
C’est accomplir l’inlassable monotonie résistante de cet acte fou !
C’est faire et aligner des bâtons !
C’est en baver des chuintes et en chier des mous!
C’est chier dans ce trou !
C’est devenir, soi-même, un bâton !
Eue le bâton cochon de ce corps — mal l’ait, mal conçu, mal planté et mal baisé ! — qu’on nous a cochonné!
C’est tenter, jour après jour, d’en esquisser le contour et d’en déboucher le brouillon !
Tenter d’actionner — avec une folle envie concomitante de tout bousiller ! — cette saloperie de colonne à pression qui nous sert de prothèse à langues!
C’est tenter de l’amocher!
De l’écrabousiller ou d’en boucher le daleau !
De la bourrer ou mâchurer de mots !
De la barbouiller de bamboula !
De la peinturlurer, aux couleurs, très peu françaises, de ce qui en sourd ou s’y tait, dans l’hystérie crispée d’une motilité sans nom!
C’est tâcher de mettre des noms là-dessus !
Tâcher de dénouer ce rébus et de désigner cet os,
par où
et par quoi, on l’a dans l’os !
Jean-Pierre Verheggen